maîtresse

maîtresse

maîtresse [ mɛtrɛs ] n. f.
XIIe; fém. de maître
IFéminin de Maître dans certains emplois. maître. II
1Vx La maîtresse de qqn, la jeune fille ou la femme qu'il aime et qui exerce son empire sur lui. ⇒ amante, amie, belle, bien-aimée, dulcinée. « Le mot de maîtresse [...] veut dire une femme qui a donné son cœur, et qui veut le vôtre » (Marivaux). Spécialt fiancée. « Il faut venger un père et perdre une maîtresse » (P. Corneille).
2(1660) Vieilli La maîtresse d'un homme, femme qui a des relations amoureuses et sexuelles plus ou moins durables avec lui sans être son épouse. Être amant et maîtresse. Avoir une maîtresse. liaison. Il vit avec sa maîtresse, sa petite amie. ⇒ amie, compagne, concubine, fam. nana. Son mari avait des maîtresses ( 1. et 2. adultère ) .

maîtresse nom féminin Femme avec laquelle un homme a des relations sexuelles en dehors du mariage. ● maîtresse (citations) nom féminin Sébastien Roch Nicolas, dit Nicolas de Chamfort près de Clermont-Ferrand 1740-Paris 1794 Académie française, 1781 Qu'est-ce qu'une maîtresse ? Une femme près de laquelle on ne se souvient plus de ce qu'on sait par cœur, c'est-à-dire de tous les défauts de son sexe. Maximes et pensées Robert Pellevé de La Motte-Ango, marquis de Flers Pont-l'Évêque 1872-Vittel 1927 Académie française, 1920 et Frantz Wiener, dit Francis de Croisset Bruxelles 1877-Neuilly-sur-Seine 1937 On n'est pas un amant parce qu'on a une maîtresse. Ce serait trop facile. Les Vignes du Seigneur L'Illustration Alfred de Musset Paris 1810-Paris 1857 Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse ? Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ? Premières Poésies, la Coupe et les lèvres maître, maîtresse nom (latin magister) Personne qui enseigne, éduque à l'école, et, en particulier, instituteur : Demander à parler à la maîtresse. Littéraire. Personne qui commande à des domestiques, des serviteurs, etc. : Les maîtres rentrent au château. Personne qui dirige sa maison, reçoit les invités, etc. : Être une excellente maîtresse de maison. Personne qui possédait des esclaves. Personne qui possède un animal domestique et s'en occupe : Le chien obéit à son maître.maître, maîtresse (difficultés) nom (latin magister) Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le i. 2. Maître, maîtresse de (+ nom au singulier). On écrit avec le complément toujours au singulier : des maîtres (des maîtresses) de ballet, des maîtres (des maîtresses) d'école, des maîtres (des maîtresses) d'étude, des maîtres (des maîtresses) de maison. Accord Parler en maître. La locution s'accorde en genre et en nombre : ils parlent en maîtres ; elles régnèrent en maîtresses sur l'empire de la mode.maître, maîtresse (expressions) nom (latin magister) Maître(esse) auxiliaire, professeur qui assure l'intérim d'un emploi vacant de professeur titulaire. Maître(esse) de (ou du) ballet, personne qui fait répéter les danseurs et qui assume la réalisation des œuvres dansées par le corps de ballet. Maître(esse) d'internat, personne qui surveille le travail à l'étude ou dans un internat scolaire. ● maître, maîtresse (synonymes) nom (latin magister) Personne qui enseigne, éduque à l'école, et, en particulier, instituteur
Synonymes :
- éducateur
- pédagogue
- précepteur
Contraires :
- écolier
- élève
- employé
- étudiant
- garçon
Littéraire. Personne qui commande à des domestiques, des serviteurs, etc.
Contraires :
Personne qui possédait des esclaves.
Synonymes :
Contraires :
Personne qui possède un animal domestique et s'en occupe
Synonymes :
- propriétaire
maître, maîtresse adjectif Qui est le plus important, essentiel : L'idée maîtresse d'un exposé.maître, maîtresse (citations) adjectif Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je suis maître de moi comme de l'univers : Je le suis, je veux l'être. Cinna, V, 3, Auguste Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Je veux être maître de moi, à tout sens. La sagesse a ses excès et n'a pas moins besoin de la modération que la folie. Essais, III, 5 Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Celui qui se connaît est seul maître de soi. Discours, Institution pour l'adolescence du roi très chrétien, Charles neuvième du nom Daniel Defoe Londres vers 1660-Londres 1731 La vraie grandeur consiste à être maître de soi-même. True greatness consists in being master of one's self. Robinson Crusoe, IImaître, maîtresse (difficultés) adjectif Orthographe 1. Avec un accent circonflexe sur le i. 2. Maître, maîtresse est adjectif dans maître couple, maîtresse branche, maîtresse poutre, etc., et signifie « qui est le plus gros, le plus important parmi d'autres semblables ». Il ne se lie pas par un trait d'union au mot qu'il qualifie. → maître-autel, → maître-cylindre. 3. Une maîtresse femme. Sans trait d'union. ● maître, maîtresse (expressions) adjectif Carte maîtresse, carte la plus forte grâce à laquelle on peut faire une levée ; ressource capitale, principal moyen de succès. Être maître de, être libre de. Être maître de quelque chose, en disposer librement. Être maître de son sujet, le dominer. Être, rester maître de soi, se dominer, maîtriser ses réactions. Être, rester maître de son véhicule, en avoir, en garder le contrôle. Maîtresse femme, femme énergique, volontaire, qui sait commander. Se rendre maître de quelque chose, l'occuper, se l'approprier ; le maîtriser. Maître maçon, entrepreneur, artisan du bâtiment ayant sous son autorité plusieurs ouvriers. Poutre maîtresse, poutre principale d'un plancher, par opposition aux solives. Maître brin, synonyme de panache. Atout maître, carte d'atout la plus forte de celles qui restent à jouer. Être maître à une couleur, posséder la plus forte carte à jouer dans la couleur. Maître ouvrier des armées, sous-officier ou officier marinier exerçant dans les armées et à leur profit les fonctions de tailleur et de cordonnier. Maître compagnon, celui qui dirige l'atelier en l'absence du patron. ● maître, maîtresse (synonymes) adjectif Qui est le plus important, essentiel
Synonymes :
Histoire du costume. Maître brin
Synonymes :

maître, maîtresse
n. et adj.
rI./r n.
d1./d Personne qui exerce son autorité, de droit ou de fait. On ne peut servir deux maîtres à la fois.
d2./d Propriétaire. Le chien aime son maître.
d3./d Maître de maison: hôte, chef de famille.
d4./d Loc. être (le) maître de faire qqch, avoir la liberté de le faire.
être maître de soi: se dominer.
Se rendre maître de qqch, de qqn, s'en emparer.
d5./d Chef, dirigeant. Maître de ballet, des cérémonies.
Maître d'hôtel, qui dirige le service de table dans un hôtel ou chez des particuliers.
(Afr. subsah.) Maître de la terre: chef coutumier chargé des cultes agraires.
|| MAR Premier maître, quartier-maître, maître d'équipage: grades de la marine militaire.
|| CONSTR Maître d'oeuvre: personne physique ou morale chargée de concevoir, d'étudier et de surveiller la réalisation d'un ouvrage.
Maître de l'ouvrage: personne physique ou morale qui décide la construction d'un ouvrage, en assure le financement et confie sa réalisation à un maître d'oeuvre.
|| (Suisse) Maître d'état: artisan responsable d'un secteur (plomberie, isolation, etc.) de la construction d'une maison.
d6./d Personne qui enseigne.
Vieilli Maître d'école: instituteur.
Maître auxiliaire: dans l'enseignement secondaire, enseignant non titulaire.
Maître assistant: dans l'enseignement supérieur, titre supérieur à celui d'assistant.
(Afr. subsah., Maghreb) Maître coranique: personne qui dirige une école coranique.
d7./d Loc. Passer maître en qqch, y exceller.
d8./d Personne qui a excellé dans un art, une science, et sert de modèle. Les grands maîtres de la peinture.
d9./d Titre donné aux avocats, aux notaires, aux commissaires-priseurs. Par-devant Maître Untel, notaire.
rII./r adj.
d1./d Maîtresse femme: femme énergique, qui s'impose avec autorité.
d2./d CONSTR Qui supporte l'essentiel des efforts. Poutre maîtresse.
d3./d Dominant. La qualité maîtresse de qqn. Carte maîtresse, supérieure à celle de l'adversaire.
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maîtresse
n. f.
d1./d Fém. de maître.
d2./d Femme qui a des relations intimes avec un homme qui n'est pas son mari. Syn. (Afr. subsah.) amante.

⇒MAÎTRESSE, subst. fém.
I. — [Fém. de maître dans certains emplois] V. maître1 et maître2.
II. — Femme avec laquelle un homme entretient des relations charnelles hors mariage. Synon. (bonne, petite) amie (p. euphém. ou fam.), concubine, favorite (d'un roi, d'un prince). La noblesse prétendait devoir seule fournir des maîtresses aux princes; et quand Louis XV prit les siennes dans la roture, les femmes titrées se plaignirent (COURIER, Pamphlets, Procès, 1821, p. 94). L'intimité du couple ronge le noyau de l'homme. Prenez une maîtresse. Vous l'appellerez mon trésor. Le trésor, alors, adieu! (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 1er tabl., p. 18):
1. En France les filles peuvent donner à beaucoup d'hommes autant de bonheur que les femmes honnêtes, c'est-à-dire du bonheur sans amour, et il y a toujours une chose qu'un Français respecte plus que sa maîtresse, c'est sa vanité. Un jeune homme de Paris prend dans une maîtresse une sorte d'esclave, destinée surtout à lui donner des jouissances de vanité.
STENDHAL, Amour, 1822, p. 138.
2. ... à Paris, presque tout le monde a deux femmes, c'est presque un minimum. Mais on ne les montre pas en même temps. Généralement on montre sa femme et on cache sa maîtresse, ou bien, ça commence à se faire beaucoup, on montre sa maîtresse et on cache sa femme.
FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, III, 5, p. 22.
SYNT. Être, devenir la maîtresse de qqn; avoir, entretenir une, plusieurs maîtresse(s); épouser sa maîtresse; les maîtresses du roi; maîtresse en titre; maîtresse déclarée.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 «gouvernante, duègne» (Fierabras, 66 ds T.-L.); 2. a) XIIIe s. [date du ms.] «fille ou femme aimée de quelqu'un, ainsi nommée à cause de l'empire qu'elle exerce sur l'homme qui l'aime» (GUILLAUME LE VINIER, Poésies, éd. Ph. Ménard, p. 77, 24); b) 1357 «femme aimée et recherchée en mariage» (Miracles ND par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, t. 3, p. 78, 265); c) 1660 «femme qui, hors du mariage, entretient des relations charnelles avec un homme» (MOLIÈRE, Sganarelle, 6). Fém. de maître. Fréq. abs. littér.:6 903. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 10340, b) 14281; XXe s.: a)9930, b) 6909. Bbg. BOEL (E.). Le Genre des n. désignant les professions et les situations fém. en fr. mod. R. rom. 1976, t. 11, pp.38-39. — SAINT-JACQUES (B.). Sex, dependency and language. Linguistique. Paris. 1973, t. 9, p. 95.

maître, maîtresse [mɛtʀ, mɛtʀɛs] n.
ÉTYM. 1080, maistre; maistresse, XIIe; du lat. magister.
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I Personne qui exerce une domination, qui dispose, en fait ou en droit, de certains pouvoirs sur des êtres ou des choses.
A
1 Personne qui a pouvoir et autorité sur qqn pour se faire servir, obéir. || Le maître et l'esclave (→ Asservir, cit. 5; esclave, cit. 5). || L'esclave appartenait à son maître qui avait sur lui droit de vie et de mort.Appellatif (vx ou hist.) → cit. 2.
1 Enlevé dès l'âge de quinze ans du fond de l'Afrique, ma patrie, je fus d'abord vendu à un maître qui avait plus de vingt femmes (…)
Montesquieu, Lettres persanes, LXIV.
2 Elle (Salammbô) pressait Taanach de se hâter, et la vieille esclave en grommelant : — Bien ! bien ! Maîtresse ! (…)
Flaubert, Salammbô, p. 210.
3 Cette conscience qui, pour conserver la vie animale, renonce à la vie indépendante, est celle de l'esclave. Celle qui, reconnue, obtient l'indépendance, est celle du maître.
Camus, l'Homme révolté, p. 176.
(Au moyen âge). || Le maître et le vassal. || L'homme lige et son maître (→ Homme, cit. 160 et 161). Seigneur. || Seigneur et maître.
Vieilli. || Le maître et les serviteurs (→ Famille, cit. 2), les domestiques (cit. 8, Beaumarchais), les valets (→ Canaille, cit. 6). Patron. || Servir un maître (→ Attendre, cit. 118), une maîtresse (→ Hanap, cit. 3; heure, cit. 101; léguer, cit. 2). || Avoir de bons maîtres. || Maîtresse qui tourmente ses domestiques (→ Difficile, cit. 25). || Servante maîtresse (→ ci-dessous, IV., 1.). — ☑ Prov. « Les bons maîtres font les bons valets » : les maîtres ont les valets qu'ils méritent.« Tel maître, tel valet » : les valets ont souvent les qualités et les défauts de leur maître.« Nul ne peut servir deux maîtres à la fois. »
4 Nul ne peut servir deux maîtres; car, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il se soumettra à l'un et méprisera l'autre : Vous ne pouvez servir Dieu et les richesses.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, VI, 24.
5 Notre ennemi, c'est notre maître :
Je vous le dis en bon français.
La Fontaine, Fables, VI, 8.
6 (…) un de ses gens entre dans ma chambre et me remet, de la part de sa maîtresse, un paquet (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXXIV.
7 — Les domestiques ici (…) sont plus longs à s'habiller que les maîtres ! — C'est qu'ils n'ont point de valets pour les y aider.
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, III, 5.
8 Vos anciens domestiques n'ont fait que changer de maîtres.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IX.
Possesseur (d'un animal domestique). || Animal qui reconnaît son maître. || Cheval, chien et son maître (→ Cabrer, cit. 3; gambade, cit. 2). || Fox-terrier aux pieds de sa maîtresse (→ Étirer, cit. 4).Par plais. (En parlant des objets familiers). → Geindre, cit. 5; fumeur, cit. 1.
9 Ainsi qu'un chien qui, craintif et fidèle (…)
Vient à son maistre, et s'endort à ses pieds.
Ronsard, la Franciade, II.
10 Elle s'assit et disposa des coussins derrière elle, tandis que le chien s'étendait sur un pouf aux pieds de sa maîtresse.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIII.
2 Personne qui a pouvoir d'imposer aux autres sa volonté (rare au fém.). Chef (de famille). || Le père romain était juge et maître (→ Chef, cit. 14). || Père qui est le maître de sa fille (cit. 4). || L'épouse, le harem (cit. 3) et le maître. || Maître imposé par la force (→ Exécrer, cit. 5). — ☑ (Av. 1673). Par plais. Mon seigneur et maître : mon mari.
11 (…) je voudrais vous faire oublier que je suis votre maître, pour me souvenir seulement que je suis votre époux.
Montesquieu, Lettres persanes, LXV.
12 Un père n'est le maître de ses enfants que pour leur intérêt (…)
É. de Senancour, De l'amour…, p. 183.
(En parlant de l'homme par rapport à une femme qui lui est soumise). → Entendre, cit. 7; esclave, cit. 15.
12.1 Maître, maître, le voilà le maître-mot de toutes nos soumissions à la grandeur de l'homme. La voilà la plus pernicieuse et la plus obscure de nos évidences : le meilleur est maître, et le maître est meilleur. Saurons-nous jamais penser hors de cette tyrannique loi du maître ?
(…) Il n'y a pas de maître de fait, il n'y a que des maîtres voleurs, violeurs et usurpateurs. Maître de la vie et de la mort, maître d'école et maître de famille, maître des arts et des lettres, maître de lois, maître de soi et maître-queue, il n'y a qu'un seul maître, c'est celui qui possède. Le maître n'est rien d'autre qu'un propriétaire.
Annie Leclerc, Parole de femme, p. 29.
(1532). Loc. Maître, maîtresse de maison : personne qui dirige la maison, y commande, est responsable de ce qui s'y passe. || Le maître de maison est généralement le chef de famille (→ Hargneusement, cit. 2; honorer, cit. 14).Au fig. Astrol. || Le maître de la maison (I., 7.).Maître, maîtresse de maison qui reçoit Amphitryon, hôte. || Le maître et les convives (→ Friand, cit. 9). || Parfaite maîtresse de maison.Vieilli. || Le maître, les maîtres du logis (cit. 2). || Maître et seigneur de ce logis (→ Coutume, cit. 7).Vx. || Le maître : le maître de maison.
13 A-t-on servi, il se met le premier à table (…) Il n'a nul discernement des personnes, ni du maître, ni des conviés (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 12.
14 La maîtresse du logis vient au-devant de moi, et m'installe à l'étage le plus élevé (…)
Diderot, la Religieuse, Pl., p. 419.
15 (…) quelle est l'occupation d'un maître de maison qui sait vivre ? Il s'amuse et amuse ses hôtes; chez lui, c'est tous les jours une nouvelle partie de plaisir.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 170.
16 Ma femme, à moi, plus sérieuse, plus triste, plus distinguée peut-être, appartenant, je crois, à une classe un peu meilleure, s'essaie à jouer à la maîtresse de maison (…)
Loti, Mme Chrysanthème, XII.
Vx. || Le maître d'un hôtel.
16.1 Les rares voyageurs qui étaient descendus à l'hôtel étaient partis. Jean resté seul dans l'hôtel dont il était comme le maître, plus que le maître, puisque le maître était avec Jean comme avec le maître les domestiques, se mêlait de plus en plus à leur vie. Souvent quand le maître faisait atteler sa voiture (…) Jean se préparait, prenait un bon paletot et montait à côté de lui. Souvent ils faisaient des lieues sans rencontrer personne; quand ils traversaient des villages, Jean répondait au salut des passants qui considéraient le maître d'hôtel et plus encore le jeune étranger assis à côté de lui.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 380-381.
Mod. || Maître d'hôtel. Hôtel.
(XIIe). Au masc. || Le maître d'un peuple, d'un pays, celui qui y exerce effectivement le pouvoir. Dirigeant, gouvernant. || Richelieu maître absolu (cit. 3) du royaume. || Les maîtres de l'Allemagne (→ Germanique, cit. 1).(Déb. XVIIe). || Les maîtres de la terre, du monde, tous ceux qui exercent un pouvoir (→ Les puissants de ce monde; et aussi arbitre, cit. 10; financier, cit. 2). || Devenir le maître du monde. Assujettir; dictateur; dominateur, tyran. || Les Romains furent les maîtres du monde (→ Jusque, cit. 53).Spécialt. Souverain (→ Faveur, cit. 3). || Le règne éclatant d'un maître fastueux (cit. 3). || Les maîtres et les gouvernés (→ Égalité, cit. 4). || « Allez dire à votre maître… » (→ Arracher, cit. 40, Mirabeau). || Peuple qui se donne, qui se choisit un maître.
17 Mais Rome veut un maître, et non une maîtresse.
Racine, Britannicus, IV, 2.
18 Parle : peut-on le voir sans penser comme moi
Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître,
Le monde, en le voyant, eût reconnu son maître ?
Racine, Bérénice, I, 5.
19 C'est de ses maîtres même, rois, princes, ministres, prélats, magistrats, intendants, que nous allons apprendre les extrémités où il (le peuple de France) était parvenu. Ce sont eux qui vont caractériser le régime sous lequel on tenait le peuple.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., II, II.
20 La race des maîtres existe; je la connais au pas, et à un certain air de gouvernement. Je ne la hais point; car ce sont de pauvres hommes (…)
Alain, Propos, 22 sept. 1930, L'esclave dormant.
21 (…) une fois encore s'allait justifier le mot de Saint-Évremond : Le Français est surtout jaloux de la liberté de se choisir son maître.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XIV.
N. m. (Fin XVe). En parlant du Créateur. Dieu. || Le Maître du monde (→ Instinct, cit. 14), de la nature; le maître absolu (cit. 1). || Le maître tout-puissant, adorable (cit. 1). || Le Seigneur et maître (→ Avouer, cit. 1).
22 Je lève la main vers l'Éternel, le Dieu Très-Haut, maître du ciel et de la terre (…)
Bible (Segond), Genèse, 14, 22.
3 N. m.(V. 1460). Être maître, le maître quelque part : avoir pleine autorité, toute licence là où l'on est (→ Despote, cit. 2). || Être le maître chez soi, dans sa maison ou dans son pays (→ Expansionnisme, cit. 1). — ☑ Prov. Charbonnier est maître dans sa maison. || « J'étais maître en ces lieux, seul j'y commande (cit. 26) encore » (Voltaire).Le capitaine d'un bateau est seul maître à bord, est maître après Dieu (XIXe).Par anal. || Les lacs où sont maîtres les crocodiles (→ Jungle, cit. 1).Par ext. || Être le maître dans une action ou une entreprise commune (→ Défendre, cit. 11).
23 Est-ce donc que (…)
Je n'aurais pas l'esprit d'être maître chez moi ?
Molière, les Femmes savantes, V, 2.
24 (…) maître chez moi, j'y pouvais vivre à ma mode sans que personne eût à m'y contrôler.
Rousseau, les Confessions, IX.
25 (…) elle rentrait maintenant dans ce ménage comme un capitaine sur son bateau, hissait son pavillon au mât et ne tolérait plus d'autre maître à bord.
A. Maurois, Ariel…, I, X.
Jeu. || Être maître à une couleur : avoir la carte la plus forte, être en mesure de faire la levée. || Je suis maître à carreau.
4 N. m.(1668). Loc. L'œil du maître : la vigilance du maître à qui rien n'échappe.Avoir l'oreille du maître, en être écouté, avoir sa faveur. — ☑ Ni Dieu ni maître, devise de Blanqui, et des anarchistes. — ☑ (1538). Parler, agir en maître, avec l'autorité, la liberté d'un maître.Décider, commander en maître : imposer sa volonté (cf. Faire la pluie et le beau temps).Régner en maître : exercer sa domination. — ☑ Trouver son maître, celui à qui l'on doit se soumettre, obéir.
26 C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître !
Molière, Tartuffe, IV, 7.
27 La femme, telle que Marie Stuart, mobile, ardente et entraînée, avec le sentiment de sa faiblesse et de son abandon, aime à trouver son maître et par moments son tyran dans celui qu'elle aime, tandis qu'elle méprise vite en lui son esclave et sa créature, quand il n'est rien que cela; elle aime mieux un bras de fer qu'une main efféminée.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 11 août 1851.
5 (Av. 1662). Choses. Ce qui gouverne qqn, commande sa conduite.(Au masc.). || L'argent, maître du monde. — ☑ Prov. L'argent (cit. 54) est un bon esclave et un méchant maître, un bon serviteur et un mauvais maître.Au fém. || La nécessité, maîtresse des hommes et des dieux (→ Justifier, cit. 6). || L'expérience (cit. 19) est une maîtresse impérieuse. || L'imagination, maîtresse du monde (→ Imaginaire, cit. 1). || La raison décide en maîtresse (→ Courber, cit. 1). || L'inconstance (cit. 9) était maîtresse de tes actions.
28 (…) la raison ne doit-elle pas être maîtresse de tous nos mouvements ?
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 3.
29 (…) quand les passions sont les maîtresses, elles sont vices (…)
Pascal, Pensées, VII, 502.
30 L'argent est le maître de l'homme d'État comme il est le maître de l'homme d'affaires. Et il est le maître du magistrat comme il est le maître du simple citoyen.
Ch. Péguy, Note conjointe, p. 292.
31 Notre tempérament, notre caractère, nos passions, sont nos maîtres. Nos actions, nos goûts, notre conduite, sont commandés par eux.
Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 86.
6 (1538). Par rapport aux autres. Être maître (maîtresse) de soi, être son maître : être libre et indépendant, n'avoir d'autre maître que soi-même. Indépendant (→ Ne dépendre de personne, n'avoir de comptes à rendre à personne). || « Tout homme est né libre et maître de lui-même » (→ Esclave, cit. 2, Rousseau). || L'homme (cit. 50), cette créature qui n'est pas seulement maîtresse de soi. || Être suffisamment riche pour être son maître. || Elle qui veut devenir sa maîtresse (→ Acheter, cit. 12). || « En Angleterre, les enfants vont seuls, les filles sont leurs maîtresses » (→ Bride, cit. 9, Hugo).Spécialt. N'être engagé à personne (par mariage, liaison, etc.). Appartenir (s').
32 Vous êtes veuve, et ne dépendez que de vous. Je suis maître de moi (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, III, 15.
33 Sitôt qu'il (l'homme) est en âge de raison, lui seul étant juge des moyens propres à le conserver, devient par là son propre maître.
Rousseau, Du contrat social, I, II.
34 Depuis dix ans qu'elle était riche et veuve, maîtresse d'elle-même par conséquent (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… », p. 234.
Par ext. || Être maître, le maître de ses actes, de sa conduite, de son sort, de son destin…, de ses heures (cit. 9) de loisir, de son emploi du temps. Disposer (→ Heureux, cit. 23).
35 Je vous l'avais prédit, qu'en dépit de la Grèce,
De votre sort encor vous seriez la maîtresse.
Racine, Andromaque, III, 8.
36 (…) quoi qu'on fasse, tout homme est toujours maître de sa vie.
Rousseau, Julie, II, II.
(Par rapport à soi-même).Être maître (maîtresse) de soi : avoir de l'empire sur soi-même. Dominer (se), maîtriser (se); maîtrise (de soi). → Magnanimité, cit. 1. || Rester maître de soi-même. Calme, ferme. || Il faut être patient pour devenir maître de soi (→ Impatience, cit. 1). || Maître de lui-même, il ne dit que ce qu'il veut (→ Impénétrable, cit. 18).Par ext. || Un cœur maître de lui.
37 Je suis maître de moi comme de l'univers;
Je le suis; je veux l'être (…)
Corneille, Cinna, V, 3.
38 Ainsi n'attendez pas que l'on puisse aujourd'hui
Vous répondre d'un cœur si peu maître de lui :
Il peut, Seigneur, il peut, dans ce désordre extrême,
Épouser ce qu'il hait, et punir ce qu'il aime.
Racine, Andromaque, I, 1.
39 Tiens, quand elle me regarde d'une certaine façon, ses yeux bleus me semblent le paradis, et je ne suis plus mon maître, surtout quand il y a quelques jours qu'elle me tient rigueur.
Balzac, la Rabouilleuse, Pl., t. III, p. 1063.
40 Point d'écrivain qui soit plus maître de soi, plus calme d'extérieur, plus sûr de sa parole (que Montesquieu). Jamais sa voix n'a d'éclats; il dit avec mesure les choses les plus fortes. Point de gestes; les exclamations, l'emportement de la verve, tout ce qui serait contraire aux bienséances répugne à son tact, à sa réserve, à sa fierté. Il semble qu'il parle toujours devant un petit cercle choisi de gens très fins et de façon à leur donner à chaque instant l'occasion de sentir leur finesse.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. II, II, p. 89.
41 J'étais maître de moi, très calme, sans colère et même sans rancune.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, XIX.
Par ext. || Être maître de sa colère, de sa peur (→ Courage, cit. 6), la commander, la dominer. || Elle est peu maîtresse de ses craintes et de ses imaginations (→ Brouiller, cit. 8). || On n'est pas toujours maître, le maître de ses paroles, de ses gestes.L'âme est la maîtresse de ses passions (→ Liberté, cit. 36).
42 Qui de ses passions
Est maître absolument.
Ronsard, Pièces retranchées, « À un sien ami ».
43 — En vérité, Sainte-Thérèse, tu es bien incommode avec tes inquiétudes (…) — Je le sais, mais je ne suis pas maîtresse de mes sentiments (…)
Diderot, la Religieuse, Pl., p. 367.
44 Il lui coupa la parole dans un mouvement d'impatience dont il ne fut pas maître.
Maupassant, Bel-Ami, II, II.
45 Cependant, elle n'était pas toujours maîtresse de la révolte de ses muscles, elle répondait par un soufflet, à la volée; et, alors, il y avait des batailles (…)
Zola, la Terre, IV, II.
46 On peut être le maître de ses muscles, on n'est pas le maître de ses vaisseaux, on n'est pas le maître des pensées et des images. Voilà tout le secret de la timidité.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, IV.
7 (1667). (Être) maître de faire quelque chose : avoir entière liberté de… ( Libre). || Vous êtes maître de refuser ou d'accepter. || Elle est maîtresse de faire ce qu'il lui plaît (→ Fantaisie, cit. 17); || d'arrêter l'exécution (cit. 2) d'un ordre. || Celui qui a versé des arrhes (cit. 1) est maître de s'en départir.REM. L'emploi de cette expression avec l'article est vieilli ou littéraire : Ce journal leur appartient, ils sont les maîtres d'y insérer ce qu'ils veulent (→ Forcer, cit. 7).
47 L'on n'est pas plus maître de toujours aimer qu'on ne l'a été de ne pas aimer.
La Bruyère, les Caractères, IV, 31.
48 (…) en tout état de cause, un peuple est toujours le maître de changer ses lois, même les meilleures; car, s'il lui plaît de se faire mal à lui-même, qui est-ce qui a droit de l'en empêcher ?
Rousseau, Du contrat social, II, XII.
49 Cette fois, madame de Vaudremont ne devait pas être maîtresse de quitter à son gré le salon où elle arrivait alors en triomphe.
Balzac, la Paix du ménage, Pl., t. I, p. 1001.
50 Je laisse mon fils maître de faire ce qu'il voudra.
Balzac, Paméla Giraud, Pl., t. V, p. 9.
8 Personne qui possède une chose, en dispose ( Avoir, posséder). || Maître d'un bien.Dr. || Bien, chose sans maître. Abandonné. || Les choses sans maître sont susceptibles d'appropriation. || Ma fille est majeure et maîtresse de son bien (→ Cultiver, cit. 4). || Rester maître, se rendre maître d'un bien. || Voiture, cheval, maison… de maître, dont l'usager est le propriétaire (opposé à de louage). || Maison de maître (par ext.) : maison grande et cossue.
51 Tous les biens vacants et sans maître (…) appartiennent au domaine public.
Code civil, art. 539.
Par ext. || Maître de pouvoirs extraordinaires (→ Finance, cit. 2).
Se rendre maître de qqch. (se l'approprier), de qqn (le capturer, le maîtriser), d'un pays (le conquérir, l'occuper). || Se rendre maître d'un incendie, d'un fléau, l'arrêter, le maîtriser.
52 Un cœur, vous le savez, à deux ne saurait être,
Et je sens que du mien Clitandre s'est fait maître.
Molière, les Femmes savantes, V, 1.
53 Une fois maîtres de la clef, il nous restera quelques précautions à prendre contre le bruit de la porte et de la serrure (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXIV.
54 (…) cette armée (…) se rend maîtresse de tout.
Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette-Marie de France.
(Choses abstraites). Être en possession de… || Se trouver maître d'un secret (→ Irréconciliable, cit. 1). || Être maître de ses moyens. || Demeurer maître de son talent jusqu'à un âge avancé (→ Et, cit. 30).Disposer à son gré de… || Être maître de son sujet, le dominer. || César se rendit maître des élections. Assurer (s'). → Acheter, cit. 6. || Être maître, rester maître de la situation, des événements. Arbitre.
55 (…) de manière (…) que les tribuns et les ambitieux ne pussent pas se rendre maîtres des suffrages, et que le peuple même ne pût pas abuser de son pouvoir.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, VIII.
56 (…) Prévan s'étant bientôt rendu maître de la conversation, prit tour à tour différents tons, pour essayer celui qui pourrait me plaire.
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXV.
57 (Fouché) donnait l'ordre de fermer (…) les barrières de Paris, afin de rester maître de la situation.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, « Ascension de Bonaparte », XXIV.
B Maîtresse n. f.
a Vx. (Langue class. et jusqu'au XIXe). || La maîtresse de qqn, la jeune fille ou la femme aimée de lui (ainsi nommée à cause de l'empire qu'elle exerce).REM. Ce mot n'implique ni n'exclut les relations charnelles. Amie, amante (cit. 16), aimée, belle, bien-aimée, dame, dulcinée, mignonne (→ Aimer, cit. 13 et 14; foudre, cit. 14). || Une maîtresse cruelle.
58 Ah ! le jour et la nuit viennent, pleins de tristesse
À celui, fût-il Dieu, qui languit sans maîtresse.
Ronsard, Élégies, X.
59 Maîtresse : (…) celle pour qui on a un attachement particulier, soit que cet attachement soit galant ou sincère.
Richelet, Dict., art. Maîtresse.
60 (…) le mot de maîtresse (…) communément (…) veut dire une femme qui a donné son cœur, et qui veut le vôtre (…)
Marivaux, le Paysan parvenu, p. 274.
61 Ce n'est pas que je soupçonne votre maîtresse d'inconstance; mais elle est bien jeune; elle a grand-peur de sa maman (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXIX.
Spécialt. Fiancée. || « Il faut venger un père et perdre une maîtresse » (Corneille) → Animer, cit. 20. || « Il fait de beaux présents de noce à sa maîtresse, à son accordée » (Furetière, Dictionnaire).
62 Je ne veux pas pour cela qu'on trompe un jeune homme en peignant un modèle de perfection qui ne puisse exister; mais je choisirai tellement les défauts de sa maîtresse, qu'ils lui conviennent, qu'ils lui plaisent et qu'ils servent à corriger les siens.
Rousseau, Émile, IV.
b (1678). Mod. || La maîtresse d'un homme, la femme qui s'est donnée à lui (sans être son épouse). Femme, amie (bonne amie)… (→ Cesse, cit. 8; gouverneur, cit. 1; instrument, cit. 13; irrégulier, cit. 4). || Ils sont amant et maîtresse. Amant (les amants). || Avoir une maîtresse (→ Jupe, cit. 7); prendre une maîtresse. Liaison. || Il en a fait sa maîtresse (→ Ignorer, cit. 49). || Il vit avec sa maîtresse. Concubine. || Maîtresse d'un homme marié. Adultère. || Entretenir une maîtresse. || Avoir des maîtresses à la douzaine (→ Guilledou, cit.). || Courir de maîtresse en maîtresse (→ Escompter, cit. 3). || La première maîtresse d'un jeune homme. (→ Homme, cit. 157; jalousie, cit. 21). || Ancienne maîtresse (→ Bégueule, cit. 2). || Vieille maîtresse (→ Chaîne, cit. 24). || Maîtresses des grands princes. Favorite (cit. 12). || Maîtresse en titre (→ 2. Général, cit. 11). || Maîtresse aimée (→ Lieu, cit. 37), adorée, idolâtrée. || S'attacher (cit. 66) à une maîtresse. || Maîtresse qui s'impose comme épouse (→ Ascendant, cit. 9), qui se fait épouser.Par ext. || Être la femme et la maîtresse (→ Dépraver, cit. 5). || Épouse et maîtresse (→ Fatal, cit. 10).Allus. littér. || « Aimer est le grand point, qu'importe la maîtresse » (→ Flacon, cit. 6, Musset).Une vieille maîtresse, roman de Barbey d'Aurevilly.
63 Crois-tu, Ibben, qu'une femme s'avise d'être la maîtresse d'un ministre pour coucher avec lui ? Quelle idée ! c'est pour lui présenter cinq ou six placets tous les matins (…)
Montesquieu, Lettres persanes, CVIII.
64 — Je vis avec une maîtresse, lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le Duc de… en entretient deux, aux yeux de tout Paris; M. de… en a une depuis dix ans, qu'il aime avec une fidélité qu'il n'a jamais eue pour sa femme; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d'en avoir.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, p. 185.
65 Crois-moi, choisis un autre amant, comme j'ai fait une autre maîtresse… Adieu, mon ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXLI.
66 Je suppose que mon oncle recevait des cadeaux de ses maîtresses riches, et avec cet argent s'habillait magnifiquement et entretenait ses maîtresses pauvres.
Stendhal, Vie de Henry Brulard, 6.
67 Il est marié à une femme… la plus belle, la meilleure, la plus séduisante qui soit peut-être dans ce royaume, et il trouve une maîtresse dans une épouse fidèle.
A. de Musset, Carmosine, II, 7.
68 Elle se laissa tomber en arrière et là, devant ce feu, sur ces coussins, fut ma maîtresse. Je n'éprouvais aucun sentiment d'amour, mais je la désirais et je me disais : « Si je ne la prends pas, j'aurai l'air d'un lâche. »
A. Maurois, Climats, I, XV.
———
II (XIIe). Personne qualifiée pour diriger.REM. Le fém. est théoriquement maîtresse, mais on emploie parfois maître.
1 (V. 1155). Personne qui exerce une fonction de direction, de surveillance. Chef.(1611). Vx. || Maître des hautes œuvres. Bourreau, exécuteur.Maître de forges.Vx. || Maîtresse d'atelier. Contremaîtresse.Vx. || Maître de café; maîtresse d'auberge (→ Bourg, cit. 1). Patron, patronne.La Fontaine était maître des Eaux et Forêts (→ Grume, cit. 1).
N. m. Mod. || Maître de l'ouvrage : personne, collectivité ou organisme qui conclut un marché et pour le compte duquel on construit.Maître d'œuvre : personne physique ou morale, ou service administratif, désigné par le maître de l'ouvrage pour diriger et contrôler, en son nom, l'exécution des travaux faisant l'objet d'un marché.Fig. Directeur de travaux intellectuels. || Diderot fut le maître d'œuvre de l'Encyclopédie.
(1809). || Maître des requêtes au Conseil d'État (fém. maître).Maître de ballet : celui qui dirige un ballet dans un théâtre (fém. maître ou maîtresse).Maître de chapelle. || Maître des cérémonies (cit. 6). || Maître d'hôtel (→ Hôtel, cit. 15 et 16).Milit. || Maître de camp. Mestre.(1873). Mar. Officier marinier. || Premier-maître, quartier-maître… Maistrance. || Maître de manœuvre; maître d'équipage. Bosco, bosseman.Grand Maître de l'ordre : chef d'un ordre militaire. || Le grand maître des Templiers, de l'ordre de Malte ( Magistère).(1834). Anc. || Grand Maître de l'Université, nom donné au ministre de l'Éducation nationale.Maître de conférences (nom d'abord donné aux professeurs de l'École normale Supérieure) : personne chargée d'un cours dans une grande école ou enseignant dans une université avant d'accéder au titre de professeur (→ Aiguiser, cit. 14) [fém. maître].Maître de recherches (fém. maître). || Maître assistant (invar. : elle est maître assistant).Maître d'étude, qui surveille une étude. Pion, surveillant. || Maître d'internat (fém. maîtresse).Vx. || Maître d'école, celui qui dirigeait une école (→ ci-dessous, 2., au sens d'instituteur).
69 Chaque castor agit, commune en est la tâche;
Le vieux y fait marcher le jeune sans relâche.
Maint maître d'œuvre y court, et tient haut le bâton.
La Fontaine, Fables, IX, Disc. à Mme de La Sablière.
70 Dans son cabinet de travail (…) M. Bergeret, maître de conférences à la Faculté des lettres, préparait sa leçon sur le huitième livre de l'Énéide.
France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, I, p. 225.
71 — Ces messieurs prendront peut-être une pêche au marasquin, dit le maître d'hôtel. Sa voix était douce et persuasive, et ses regards vigilants parcouraient l'étendue des tables servies.
France, M. Bergeret à Paris, Œ., t. XII, IX, p. 360.
72 Comme tous les ordres de chevalerie, l'Ordre de Santiago déchoit : il ne brûle plus vraiment que dans le cœur de votre père. Ce n'est pas sans raison qu'on surnomme votre père « le Maître de Santiago », bien qu'il n 'y ait plus de Grand Maître de cet Ordre.
Montherlant, le Maître de Santiago, I, 1.
Quand le maître est absent, les subordonnés n'en font qu'à leur tête (→ Quand le chat n'est pas là, les souris dansent).
2 (V. 1155). Personne qui enseigne. || Maître, maîtresse : personne qui enseigne aux enfants dans une école, ou dans le particulier. Éducateur, enseignant, instituteur, pédagogue, précepteur, professeur, régent.(Déb. XIIIe; fém., 1567). || Maître, maîtresse d'école : instituteur, institutrice (→ Classe, cit. 13). || Le maître et les élèves, les écoliers (→ Cahier, cit. 3). || Maître qui interroge (cit. 5 et 7) un élève. || Obéir à sa maîtresse. || Maître chargé de telle classe. || Les maîtres d'un élève. || Ses maîtres en sont très contents (→ Enseigner, cit. 4). || Maîtresse auxiliaire.En Afrique. || Maître coranique : maître d'une école coranique.Maître de musique (→ Comme, cit. 43). || Maîtresse de piano (→ Leçon, cit. 6). || Maître de chant, (vx) à chanter (→ Déchiffrer, cit. 6). || Maître de danse (→ Farceur, cit. 2), (vx) maître à danser (→ Gambade, cit. 3).(1670). || Maître d'armes, qui enseigne l'escrime (→ Botte, cit. 1).
73 (…) je ne veux pas qu'on emprisonne ce garçon. Je ne veux pas qu'on l'abandonne à l'humeur mélancolique d'un furieux maistre d'école.
Montaigne, Essais, I, XXVI.
74 (…) veux-tu que je te donne un maître pour te montrer à jouer du clavecin ?
Molière, l'Amour médecin, I, 2.
75 Un nombre infini de maîtres de langues, d'arts et de sciences, enseignent ce qu'ils ne savent pas; et ce talent est bien considérable : car il ne faut pas beaucoup d'esprit pour montrer ce qu'on sait; mais il en faut infiniment pour enseigner ce qu'on ignore.
Montesquieu, Lettres persanes, LVIII.
76 Dans chaque université allemande plusieurs professeurs étaient en concurrence pour chaque branche d'enseignement; ainsi, les maîtres avaient eux-mêmes de l'émulation, intéressés qu'ils étaient à l'emporter les uns sur les autres, en attirant un plus grand nombre d'écoliers.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XVIII.
77 Il (le père Madeleine) allouait de ses deniers aux deux instituteurs une indemnité double de leur maigre traitement officiel, et un jour, à quelqu'un qui s'en étonnait, il dit : « Les deux premiers fonctionnaires de l'État, c'est la nourrice et le maître d'école. »
Hugo, les Misérables, I, V, II.
78 Lacretelle y eut pour professeur André Bellessort, maître fougueux et tonnant, qui éveillait ses élèves par ses paradoxes.
A. Maurois, Études littéraires, « Lacretelle », I.
(1662). || Le temps est un grand maître, donne de l'expérience. || L'amour est un grand maître (→ Enseigner, cit. 14).L'imagination (cit. 10), maîtresse d'erreur et de fausseté.
3 (XIIIe). N. m. Dans le système corporatif, Artisan qui dirige le travail et enseigne aux apprentis. || Les maîtres, les compagnons (cit. 10) et les apprentis (cit. 2) d'une corporation. || L'artisan devenait maître en recevant les lettres de maîtrise. || Compagnon qui passe maître. — ☑ Prov. Apprenti n'est pas maître.Fig. || « L'homme est un apprenti (cit. 9), la douleur est son maître » (Musset).(1845). Par anal. || Dans la franc-maçonnerie (cit. 1), Maîtres, compagnons et apprentis d'une loge.(1765). || Grand Maître : chef d'une obédience maçonnique. || Le Grand Maître du Grand Orient de France.
(V. 1170). || Être maître dans le métier, dans l'art de… Adroit, compétent, expert, savant. || Être maître à… (vx).Passer maître dans l'art de… : devenir expert en fait de… (→ Argumentation, cit. 2; bien, cit. 115). || Il est passé maître dans l'art de tromper, en fait (cit. 46) de tromperie. — ☑ (1538). Loc. De main de maître : avec l'habileté d'un maître. Magistralement. || Portrait fait de main de maître (→ Filer, cit. 9; implacable cit. 9). — ☑ La griffe (cit. 15) du maître : la marque du maître. — ☑ Coup de maître : coup admirable, magistral. || Des coups (cit. 56) de maître (Corneille) (→ Jeu, cit. 59). — ☑ (XIIIe). Trouver son maître, quelqu'un de supérieur à soi, de plus adroit, de plus compétent. || Il a trouvé son maître en fait de mensonge (→ aussi cette expression au sens I., 1.).
79 (…) des pièces d'éloquence (…) faites de main de maîtres (…)
La Bruyère, Discours de réception à l'Académie, Préface.
80 (…) il lui suffit de penser qu'il n'a point fait l'apprentissage d'un certain métier, pour se consoler de n'y être point maître.
La Bruyère, les Caractères, XI, 84.
81 Maître renard, par l'odeur alléché,
Encore un maître ! mais pour celui-ci c'est à bon titre : il est maître passé dans les tours de son métier.
Rousseau, Émile, II.
82 Il est passé maître dans l'art de tout dire en peu de mots, sans jamais être obscur.
P.-J. Stahl, Chamfort, Conclusion.
4 N. m. Peintre, sculpteur qui dirigeait un atelier et travaillait souvent avec ses élèves à une même œuvre. || Attribuer au maître l'œuvre d'un élève. || Le maître de… (suivi d'un nom de lieu, du titre de l'œuvre…), désignation d'un peintre ancien anonyme dont l'œuvre a la qualité de celle d'un maître d'atelier. || Le Maître de Moulins.
83 (…) le domaine de l'atelier est celui d'un artisanat. « Œuvre d'atelier », aujourd'hui encore, veut dire pour les experts : œuvre exécutée dans l'atelier du maître, sous sa direction et sous son contrôle, — et parfois achevée par lui.
Malraux, les Voix du silence, p. 362.
84 (Le) génie de Gislebert d'Autun, des anonymes rhénans, des maîtres du Portail Royal de Chartres (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 228.
5 N. m. (Fin XIIe). Personne dont on est le disciple ou que l'on prend pour modèle. Initiateur, modèle. || Les disciples d'Aristote et leur maître (→ Assembler, cit. 1). || Les maîtres d'un auteur, d'un écrivain (→ Froisser, cit. 25), d'un peintre, d'un sculpteur… (→ Imagier, cit. 2). || Les crocheteurs du Port-au-Foin étaient les maîtres de Malherbe pour le langage (cit. 20). Exemple. || Les maîtres d'un savant.Prendre pour maître. || Se réclamer d'un maître. || Maître vénéré. || Mon maître et ami. || Notre confrère et notre maître à tous.Fig. || La nature doit être notre maître, le vrai modèle du goût (→ Imitation, cit. 10 et 13).
85 (…) d'autant que les fautes qu'on y peut faire sont selon notre maître, Hippocrate, d'une dangereuse conséquence.
Molière, l'Amour médecin, II, 5.
86 Il est donc clair que les hommes que nous appelons nos maîtres, ne sont en effet que des moniteurs (…) nous n'avons point d'autre maître dans les sciences, Philosophie, Mathématiques (…) que la Sagesse éternelle qui habite en nous (…)
Malebranche, Entretiens sur la métaphysique…, Préface, p. 34.
87 À mon très-cher et très-vénéré
Maître et ami
Théophile Gautier
Baudelaire, les Fleurs du mal, Dédicace.
88 Une génération trouve parfois ses maîtres chez elle-même, mais toujours dans la génération précédente les professeurs par lesquels et contre lesquels elle se fait.
A. Thibaudet, Hist. de la littérature franç., p. 262.
89 L'idée du chef ne m'est pas absolument étrangère, pourtant elle m'est moins sensible que celle du maître… Ce que je demande, ce n'est pas de me délivrer de toute responsabilité, ce n'est pas de marcher les yeux clos, ce que je demande, c'est de la nourriture, de la substance. Je veux un enseignement.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, II.
90 Rembrandt, dans Le Prophète Balaam de 1626, ne s'applique pas à représenter la vie, mais à parler la langue de son maître Latsmann… C'est sur ce pastiche que tout artiste se conquiert d'abord (…)
Malraux, les Voix du silence, p. 310.
90.1 Mais le mot maître a un autre sens qui l'oppose seulement à disciple dans une relation de respect et de gratitude (…) À la fin, le maître se réjouit lorsque le disciple le quitte et accomplit sa différence, tandis que celui-ci gardera toujours la nostalgie de ce temps où il recevait tout, sachant qu'il ne pourrait jamais rien rendre.
Camus, Sur « les Îles » de Jean Grenier, in Essais, Pl., p. 1160.
6 N. m. (1690). Artiste, écrivain ou savant qui excelle dans son art, qui a fait école (cit. 28). || Les maîtres de la littérature française, de la peinture espagnole, de la sculpture gothique… (→ Les grands noms). || Les maîtres de l'art (cit. 63). || Création d'un maître (→ Imagerie, cit. 4). || Maître éminent. || « Admirons les grands maîtres, ne les imitons pas » (Hugo). || Les Maîtres d'autrefois, études de peinture d'E. Fromentin.
91 Les journaux, unanimes en faveur d'un talent ignoré, retentissaient encore de louanges sincères. Les artistes eux-mêmes reconnaissaient Schinner pour un maître, et les marchands couvraient d'or ses tableaux.
Balzac, la Bourse, Pl., t. I, p. 332.
92 (…) les Grecs resteront toujours les maîtres divins du marbre comme ils le sont de la poésie et comme ils l'étaient sans doute de la peinture.
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Simart ».
Petit maître : peintre de qualité considéré comme mineur. || Un petit maître de la Renaissance.
———
III (XIIIe). Titre.
1 N. m. (V. 1460). Titre qui remplace Monsieur, Madame en parlant des gens de loi ou en s'adressant à eux (avoué, avocat, huissier, notaire…). || Par devant maître X, notaire. || « Maître Hareng, huissier (cit. 8) à Buchy ». || Maître X, avocate à la cour (abrév. : Me). || Maître Bolbec et son mari, comédie de Louis Verneuil.
93 Germaine Berton comparut le 18 décembre 1923 devant la Cour d'assises, défendue par Me Henry Torrès. Les débats furent pleins d'incidents et menés avec une rare violence.
Maurice Garçon, la Justice contemporaine, XIX.
94 La défense avait beau jeu. Vous n'avez qu'une certitude morale, plaidait Maître Lancry.
M. Aymé, la Tête des autres, I, 2.
tableau Abréviations les plus usitées.
2 Vx. (Suivi du nom ou du prénom). Titre donné autrefois familièrement aux hommes qu'on ne pouvait appeler « Monsieur », et encore au XIXe siècle aux paysans, aux artisans (→ Père). || Maître Simon (→ Agissant, cit. 9). || Maître Jacques. Jacques. || Maître Aliboron. || Maître François. || Maître Cornille, le meunier.Par plais. (dans les fables). || Maître Corbeau, maître Renard (→ Allécher, cit. 1; arbre, cit. 6).Littér. || La Bête à Maît' Belhomme, conte de Maupassant.
95 Le père Rouault lui fit la conduite; ils marchaient dans un coin de la haie, et enfin, quand on l'eut dépassée : — Maître Rouault, murmura-t-il, je voudrais bien vous dire quelque chose.
Flaubert, Mme Bovary, I, III.
96 — Eh bien, maît' Caniveau, dit-il, ça va-t-il comme vous voulez ? L'énorme campagnard (…) répondit en souriant (…)
Maupassant, Monsieur Parent, « La bête à Maît' Belhomme ».
REM. On rencontre parfois le féminin maîtresse pour une paysanne, une fermière. — (Régional). || Maîtresse Jacqueline.
97 Dans les grandes occasions, maîtresse Fruytier accompagnait son mari.
René Bazin, Il était quatre petits enfants, II, in Grevisse.
3 N. m. (1866). Titre que l'on donne en s'adressant à un professeur éminent, à un artiste ou un écrivain célèbre. || Monsieur (Madame) et cher Maître.REM. Au féminin → cit. 98.
97.1 « Mon cher Maître… » Maître est le mot adopté depuis quelque temps à Paris par les auteurs dramatiques et les hommes de lettres lorsqu'ils s'écrivent entre eux. Autrefois les avocats seulement et les gens du palais employaient ce terme. Mais il est très bien reçu maintenant dans la littérature; il flatte celui qui le reçoit.
Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, p. 102.
98 Vous êtes triste, pauvre amie et chère maître (…)
Flaubert, Correspondance, 876, 12 nov. 1866.
99 Mon cher Maître,
Avez-vous pensé à moi ? Pourriez-vous me dire ce qu'il faut lire pour connaître un peu le mouvement néo-catholique vers 1840 ?
Flaubert, Correspondance, 841, 12 mars 1866.
100 (…) tel vieux raté obscur se croit glorieux parce qu'il reçoit de temps en temps une coupure de l'Argus, et que trois pelés et quatre tondus lui serrent la main en l'appelant « Maître » au café.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XI, V, p. 38.
———
IV (1080). En appos. ou adj. || Maître, maîtresse.
A (Personnes).
1 Qui est le maître, la maîtresse (au sens I, 1). || Servante maîtresse : servante, domestique qui est devenue maîtresse d'une maison. || La Servante maîtresse, opéra-bouffe de Pergolèse.REM. Dans cette expression il y a jeu de mot sur maîtresse, la servante qui a cette autorité étant généralement la maîtresse du maître de maison.
101 Depuis que la fille à Cognet, le cantonnier de Rognes, la Cognette comme on la nommait, quand elle lavait la vaisselle de la ferme à douze ans, était montée aux honneurs de servante-maîtresse, elle se faisait traiter en dame, despotiquement.
Zola, la Terre, I, I.
2 Qui a les qualités d'un maître, d'une maîtresse.Vx. || Un maître homme.(1669). Mod. || Maîtresse femme : femme qui a de l'énergie, qui sait organiser et commander. Énergique (→ Commode, cit. 9).
102 Dans toute sa personne il a je ne sais quoi
Qui d'abord fait juger que c'est un maître roi (…)
Molière, Mélicerte, I, 3.
103 (…) nous restâmes à le voir filer, ce maître-couple, — la femme étalant sa traîne noire dans la poussière du jardin, comme un paon, dédaigneux jusque dans son plumage.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime », p. 133.
3 (1080; anciennt). Qui est le premier, le chef de ceux qui exercent la même profession dans un corps de métier, une entreprise. Chef, premier.(1835). || Maître maçon (→ Forteresse, cit. 1). || Maître compagnon. || Maître fondeur. || Maître calfat. || Maître cuisinier, maître coq ou maître queux. || Maître clerc (→ Étude, cit. 52).(1846). || Maître chanteur (trad. de l'all. Meistersinger) : « compositeur allemand reçu dans une corporation à la suite d'épreuves pédantesques » (L. Réau). || Les Maîtres Chanteurs, opéra de Wagner (dans un autre sens; Chanteur). || Maître sonneur : maître de la corporation des sonneurs de cornemuse. || Les Maîtres sonneurs, roman de George Sand.
104 Je suis, dit-il au sergent, le maître garçon de ce cabaret.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, VII.
105 (…) au bout d'une quinzaine il devint maître compagnon, fut logé, nourri chez Frappier qui lui montra le calcul et le dessin linéaire.
Balzac, Pierrette, Pl., t. III, p. 719.
106 Par maîtres-artisans, il y a lieu d'entendre les travailleurs autonomes de l'un et de l'autre sexe exerçant personnellement et à leur compte (…) accomplissant leur travail seul ou avec le concours de leur conjoint, des membres de leur famille, de compagnons ou d'apprentis.
Code du travail, Loi du 26 juil. 1925.
REM. Cet emploi de maître connaît, depuis 1960, un regain d'emploi pour former des composés désignant des artisans qualifiés : maître-artisan, maître-fabricant, maître-rôtisseur, etc. (in P. Gilbert).
(1690). Par ext. et péj. Vieilli. (Renforçant une qualification injurieuse). Fieffé. || Maître filou (cit. 1). || Maître fripon (→ Avaricieux, cit. 1). || C'est un maître sot.
107 Voilà un maître fou. Je me flatte que personne n'a pu adopter une idée aussi extravagante.
Voltaire, l'Homme aux 40 écus, VII.
B (XIe). Vx ou régional. (Choses). Qui est important, ou qui est le plus important. || Un maître chou (→ Gîter, cit. 1, La Fontaine) : un très gros chou.Cour. || Maîtresse branche d'un arbre, la plus grosse. Principal (→ Buse, cit. 1).(Av. 1850). || Maîtresse poutre d'un comble. || Cheville maîtresse (→ fig. Centre, cit. 9).(XVIe). || Maître-autel : autel principal d'une église, placé dans l'axe de la nef. || Des maîtres-autels.
108 Au fond de l'église, face à l'entrée, est la merveille du sanctuaire, le maître-autel entièrement fait d'agate brune, avec mosaïques en pierres rares de différentes couleurs où le blanc domine.
Loti, Figures et Choses…, p. 65.
109 (…) une bûche, une maîtresse bûche, une vraie bûche de Noël (…)
France, le Crime de S. Bonnard, t. II, I, p. 334.
109.1 Des maigres fumées montent encore des décombres. Des nuées d'urubus, de vautours, de corbeaux à bec rouge se disputent les charognes des chevaux et des bestiaux éparses dans les champs. À la maîtresse branche d'un figuier sauvage se balance la carcasse de Jean Marchais.
B. Cendrars, l'Or, in Œ. compl., t. II, p. 229.
110 (…) une grande fente qui a partagé le mur maître depuis la fondation jusqu'aux tuiles.
J. Giono, Regain, III.
(1765). || Maître-couple ou maître couple : couple situé dans la plus grande largeur du navire. || Des maîtres-couples.(1962). Section maximale du fuselage (d'un avion).
(Par anal. avec un navire). || Maître-couple : la plus grande largeur d'un poisson.
110.1 (Chez le labre) la plus grande section du corps — appelée maître-couple — est située au niveau des nageoires pelviennes, c'est-à-dire à peu près à mi-longueur. À ce détail, on reconnaît que le Labre n'a pas une nage très rapide, le maître-couple se trouvant reporté, chez les bons nageurs, dans une position plus antérieure.
R. et M.-L. Bauchot, les Poissons, p. 9.
Qui a de la force, de l'efficacité. || Maître-mot ou maître mot (→ ci-dessus, cit. 12.1). || Les maîtres-mots des magiciens (cit. 4).
110.2 On en parlait souvent, de la retraite, et comme d'une opération de haute magie, qui transforme un maître d'école en rentier. La retraite, c'était le grand mot, le maître-mot.
M. Pagnol, le Château de ma mère, p. 344.
(1845). Cartes. || Atout maître. || Garder ses cartes maîtresses, celles qui peuvent faire une levée.Fig. || Longue négociation où l'on finit par jouer ses cartes maîtresses. → Abattre (son jeu).
111 Voilà un maître coup qui m'arrive; il s'agit de le parer ou de l'encaisser proprement.
Alain, Propos, 24 sept. 1911, « Une cure ».
(1580). Fig. et littér. Essentiel. || La pièce maîtresse d'une collection, d'un dossier… || Idée maîtresse d'une explication, d'un texte, d'un auteur. || Un maître argument. || La science maîtresse sera la philosophie (→ Gouverner, cit. 32). || L'éducation doit respecter notre « forme maîtresse », selon Montaigne. || La qualité maîtresse d'une personne. Majeur (→ Homme, cit. 151). || La théorie de la « faculté maîtresse » chez Taine.
112 C'est le maistre (maître) jour, c'est le jour juge de tous les autres (celui de la mort); c'est le jour, dit un ancien, qui doit juger de toutes mes années passées.
Montaigne, Essais, I, XIX.
113 (…) j'ose dire que cet heureux poème n'a si extraordinairement réussi que parce qu'on y voit les deux maîtresses conditions (permettez-moi cette épithète) que demande ce grand maître aux excellentes tragédies (…)
Corneille, le Cid, Avertissement.
114 Il (Taine) suppose en principe « que les facultés d'un homme, comme les organes d'une plante, dépendent les unes des autres (…) qu'il y a en nous une faculté-maîtresse dont l'action uniforme se communique différemment à nos différents rouages (…) Une fois qu'on a saisi la faculté-maîtresse (…) on voit l'homme se développer comme une fleur ». Il y a ici l'annonce et comme l'inauguration d'une nouvelle méthode en critique (…) je me bornerai (…) à faire voir ce qu'elle a, selon moi, d'excessif, d'artificiel et de conjectural (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 16 mars 1857.
115 C'était au ministre de Lessart que Talleyrand avait (…) exposé dès janvier 1792, son idée maîtresse (l'alliance de la France et de l'Angleterre) : toute sa vie il y restera fidèle (…)
Louis Madelin, Talleyrand, I, V.
tableau Noms de métiers.
CONTR. Esclave. — Domestique, serviteur, valet. — Inférieur, subalterne. — Disciple, élève. — Apprenti. — Accessoire, secondaire.
DÉR. Maîtrise, maistrance.
COMP. Contremaître. — Petit-maître. — Quartier-maître; sous-maître. — Maître-à-danser, maître-chien.
HOM. Mètre, mettre.
————————
maîtresse [mɛtʀɛs] n. f.
1 Fém. de maître dans plusieurs acceptions. Maître.
2 Spécialt. Maître, I., B.
COMP. Sous-maîtresse.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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